L'Australie se penche sur les cas de prêtres pédophiles
http://fait-religieux.com/l_australie_se_penche_sur_les_cas_de_pretres_pedophiles
La rédaction | le 08.04.2013 à 14:38
Annoncée en novembre 2012, la commission royale d'enquête sur les abus sexuels commis par des prêtres pédophiles a été officiellement lancé le 3 avril dernier en Australie. Désormais, les victimes de prêtres pédophiles peuvent contacter directement la commission, qui attend plus de 5.000 témoignages et ne terminera pas ses travaux avant 2015.
Pour Mgr George Pell, archevêque de Sydney, un prêtre qui entend d'un autre prêtre l'aveu d'agressions sexuelles sur des enfants est lié par le secret de la confession (photo Craig Greenhill)
Une enquête préliminaire dans le sud du pays s'était auparavant étendue sur trois ans et avait recueilli 800 témoignages. A titre de comparaison, en Irlande, autre pays touché par les abus de prêtres pédophiles, l'enquête se sera allongée sur neuf ans. En Australie, la commission d'enquête royale ne pourra arrêter personne et ne versera pas d'indemnités aux victimes, mais transmettra ses informations aux services de police, ce qui a déjà abouti à trois arrestations. La commission ne se contentera pas d'écouter les témoignages, elle devra aussi et surtout enquêter sur la façon dont les institutions catholiques ont réagi aux cas de prêtres pédophiles, et dans certains cas, les ont couverts.
Complicité de la police ?
Tout a commencé quand l'État australien de Nouvelle-Galles du Sud a annoncé l'ouverture d'une enquête visant la hiérarchie catholique locale, accusée par un policier de non-dénonciation de prêtres pédophiles et de destruction de preuves. L'inspecteur principal Peter Fox, qui affirme détenir les preuves « irréfutables » de ses allégations, soutient qu'« un archevêque, un évêque et un prêtre » ont couvert des faits de pédophilie dans la vallée du Hunter, à 170 kilomètres au nord de Sydney. A la suite de ces accusations, la Nouvelle-Galles du Sud avait lancé une enquête. Une procédure similaire est en cours dans l'État de Victoria où l'Église catholique a reconnu en septembre qu'au moins 620 enfants avaient été abusés par des prêtres depuis les années 1930.
Fort de 35 ans de maison, Peter Fox a également porté des accusations cinglantes à l'encontre de sa propre hiérarchie. Il prétend avoir reçu l'ordre de transmettre ses conclusions avant d'être dessaisi de l'enquête. « Il s'agit ni plus ni moins que de s'interroger sur de possibles interférences, soit au sein de la police, soit au sein de l'Église catholique, à propos d'allégations spécifiques de pédophilie dans la vallée de Hunter », a-t-il ensuite expliqué lors d'une conférence de presse.
Réparer les erreurs du passé, la lourde tâche de l'Église australienne
Lors du synode des évêques à Rome, le pape Benoît XVI avait reconnu le 20 octobre devant les évêques australiens que leur tâche était « rendue plus lourde » par les crimes passés de pédophilie commis par des membres du clergé, les invitant à « réparer les erreurs avec honnêteté » en vue d'un renouveau ecclésial.« C'est à vous que la tâche incombe de réparer les erreurs du passé avec honnêteté et ouverture, de façon à construire avec humilité et détermination un meilleur avenir pour tous ceux qui sont concernés », avait ajouté le pape à l'intention de ces évêques venus en visite de travail au Vatican.
L'Église australienne avait été déjà été ébranlée par les révélations de cas de pédophilie dans son clergé. Quand le pape s'était rendu en Australie pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) en 2008, il avait rencontré des victimes d'agissements pédophiles. Benoît XVI a rappelé le grand exemple de Mary MacKillop, femme de caractère qu'il avait déclaré sainte l'an dernier. Cette religieuse et éducatrice s'était heurtée aux autorités de l'Église australienne et avait même été brièvement excommuniée en 1871 dans ses efforts pour obtenir le contrôle de sa congrégation et après avoir dénoncé un prêtre pédophile.
La pédophilie, « un simple péché »
Récemment, au cours d'un message télévisé pour Noël, l'archevêque de Sydney, Mgr George Pell s'était dit « choqué et honteux, à la suite d'une série d'accusations de pédophilie lancées contre des prêtres et des efforts de la hiérarchie pour étouffer les affaires ». Il avait auparavant salué l'annonce de la création d'une commission d'enquête après s'être d'abord montré réservé sur son rôle. « Il n'y a pas que l'Église catholique qui croyait qu'un prêtre abuseur s'amenderait en allant ailleurs, expliquait-il. A cette époque, on pensait que la pédophilie était un simple péché dont on pouvait se repentir. On ne se rendait pas compte de la dépendance que cela impliquait ». Il avait auparavant déclaré que « le péché originel est universel et nous ferons tout ce qui est humainement possible pour l'arrêter mais je ne peux pas promettre catégoriquement que cela n'arrivera plus ».
Pour Caroline Taylor, professeure de droit social à l'université, la hiérarchie catholique, aussi bien que les juges et les avocats, ont contribué à isoler un peu plus les victimes en minimisant les cas d'abus sexuels. Dans les institutions religieuses telles que les écoles, les enfants, à qui on apprenait à révérer l'autorité, voyaient souvent leurs agresseurs comme le représentant de Dieu sur Terre. Ils étaient alors amenés à croire que leurs agressions étaient la preuve qu'ils n'étaient pas aimés de Dieu. Et ce d'autant plus souvent que leurs agresseurs les avaient choisis parce qu'ils étaient issus de familles très pratiquantes. Le refus de considérer la pédophilie comme un crime à part entière a longtemps été partagé par l'ensemble de la société. Selon Caroline Taylor, la meilleure protection dont disposaient les pédophiles étaient la volonté délibérée de la population australienne de ne rien savoir. Elle raconte qu'il lui est fréquemment arrivé d'entendre des prêtres ou des fidèles dire qu'il ne s'agissait « que de quelques attouchements ». « Quand donc ces gens vont-ils cesser de revenir à la charge ? aurait ainsi déclaré l'un d'entre eux. Pourquoi n'essayent-ils pas de se montrer dignes et ne garder le silence ? ».
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La rédaction | le 08.04.2013 à 14:38
Annoncée en novembre 2012, la commission royale d'enquête sur les abus sexuels commis par des prêtres pédophiles a été officiellement lancé le 3 avril dernier en Australie. Désormais, les victimes de prêtres pédophiles peuvent contacter directement la commission, qui attend plus de 5.000 témoignages et ne terminera pas ses travaux avant 2015.
Pour Mgr George Pell, archevêque de Sydney, un prêtre qui entend d'un autre prêtre l'aveu d'agressions sexuelles sur des enfants est lié par le secret de la confession (photo Craig Greenhill)
Une enquête préliminaire dans le sud du pays s'était auparavant étendue sur trois ans et avait recueilli 800 témoignages. A titre de comparaison, en Irlande, autre pays touché par les abus de prêtres pédophiles, l'enquête se sera allongée sur neuf ans. En Australie, la commission d'enquête royale ne pourra arrêter personne et ne versera pas d'indemnités aux victimes, mais transmettra ses informations aux services de police, ce qui a déjà abouti à trois arrestations. La commission ne se contentera pas d'écouter les témoignages, elle devra aussi et surtout enquêter sur la façon dont les institutions catholiques ont réagi aux cas de prêtres pédophiles, et dans certains cas, les ont couverts.
Complicité de la police ?
Tout a commencé quand l'État australien de Nouvelle-Galles du Sud a annoncé l'ouverture d'une enquête visant la hiérarchie catholique locale, accusée par un policier de non-dénonciation de prêtres pédophiles et de destruction de preuves. L'inspecteur principal Peter Fox, qui affirme détenir les preuves « irréfutables » de ses allégations, soutient qu'« un archevêque, un évêque et un prêtre » ont couvert des faits de pédophilie dans la vallée du Hunter, à 170 kilomètres au nord de Sydney. A la suite de ces accusations, la Nouvelle-Galles du Sud avait lancé une enquête. Une procédure similaire est en cours dans l'État de Victoria où l'Église catholique a reconnu en septembre qu'au moins 620 enfants avaient été abusés par des prêtres depuis les années 1930.
Fort de 35 ans de maison, Peter Fox a également porté des accusations cinglantes à l'encontre de sa propre hiérarchie. Il prétend avoir reçu l'ordre de transmettre ses conclusions avant d'être dessaisi de l'enquête. « Il s'agit ni plus ni moins que de s'interroger sur de possibles interférences, soit au sein de la police, soit au sein de l'Église catholique, à propos d'allégations spécifiques de pédophilie dans la vallée de Hunter », a-t-il ensuite expliqué lors d'une conférence de presse.
Réparer les erreurs du passé, la lourde tâche de l'Église australienne
Lors du synode des évêques à Rome, le pape Benoît XVI avait reconnu le 20 octobre devant les évêques australiens que leur tâche était « rendue plus lourde » par les crimes passés de pédophilie commis par des membres du clergé, les invitant à « réparer les erreurs avec honnêteté » en vue d'un renouveau ecclésial.« C'est à vous que la tâche incombe de réparer les erreurs du passé avec honnêteté et ouverture, de façon à construire avec humilité et détermination un meilleur avenir pour tous ceux qui sont concernés », avait ajouté le pape à l'intention de ces évêques venus en visite de travail au Vatican.
L'Église australienne avait été déjà été ébranlée par les révélations de cas de pédophilie dans son clergé. Quand le pape s'était rendu en Australie pour les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) en 2008, il avait rencontré des victimes d'agissements pédophiles. Benoît XVI a rappelé le grand exemple de Mary MacKillop, femme de caractère qu'il avait déclaré sainte l'an dernier. Cette religieuse et éducatrice s'était heurtée aux autorités de l'Église australienne et avait même été brièvement excommuniée en 1871 dans ses efforts pour obtenir le contrôle de sa congrégation et après avoir dénoncé un prêtre pédophile.
La pédophilie, « un simple péché »
Récemment, au cours d'un message télévisé pour Noël, l'archevêque de Sydney, Mgr George Pell s'était dit « choqué et honteux, à la suite d'une série d'accusations de pédophilie lancées contre des prêtres et des efforts de la hiérarchie pour étouffer les affaires ». Il avait auparavant salué l'annonce de la création d'une commission d'enquête après s'être d'abord montré réservé sur son rôle. « Il n'y a pas que l'Église catholique qui croyait qu'un prêtre abuseur s'amenderait en allant ailleurs, expliquait-il. A cette époque, on pensait que la pédophilie était un simple péché dont on pouvait se repentir. On ne se rendait pas compte de la dépendance que cela impliquait ». Il avait auparavant déclaré que « le péché originel est universel et nous ferons tout ce qui est humainement possible pour l'arrêter mais je ne peux pas promettre catégoriquement que cela n'arrivera plus ».
Pour Caroline Taylor, professeure de droit social à l'université, la hiérarchie catholique, aussi bien que les juges et les avocats, ont contribué à isoler un peu plus les victimes en minimisant les cas d'abus sexuels. Dans les institutions religieuses telles que les écoles, les enfants, à qui on apprenait à révérer l'autorité, voyaient souvent leurs agresseurs comme le représentant de Dieu sur Terre. Ils étaient alors amenés à croire que leurs agressions étaient la preuve qu'ils n'étaient pas aimés de Dieu. Et ce d'autant plus souvent que leurs agresseurs les avaient choisis parce qu'ils étaient issus de familles très pratiquantes. Le refus de considérer la pédophilie comme un crime à part entière a longtemps été partagé par l'ensemble de la société. Selon Caroline Taylor, la meilleure protection dont disposaient les pédophiles étaient la volonté délibérée de la population australienne de ne rien savoir. Elle raconte qu'il lui est fréquemment arrivé d'entendre des prêtres ou des fidèles dire qu'il ne s'agissait « que de quelques attouchements ». « Quand donc ces gens vont-ils cesser de revenir à la charge ? aurait ainsi déclaré l'un d'entre eux. Pourquoi n'essayent-ils pas de se montrer dignes et ne garder le silence ? ».
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albert on mardi 09 avril 2013 - 01:35:17