Pourquoi tant d'enfants sont-ils blessés à vie par des prêtres pédophiles qui devaient pourtant veiller sur eux?
Pierre-Olivier Fortin - Le Soleil
http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201407/19/01-4785221-pretres-pedophiles-le-probleme-principal-le-celibat-des-pretres.php
Publié le 19 juillet 2014 à 17h51 | Mis à jour le 19 juillet 2014 à 19h34
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Publié le 19 juillet 2014 à 17h51 | Mis à jour le 19 juillet 2014 à 19h34
(Québec) La victoire des victimes des pères rédemptoristes continuera de faire couler beaucoup d'encre avec le débat sur le délai de prescription et sur ce que fait ou devrait faire l'Église catholique pour contrer le problème de pédophilie dans l'institution. Aujourd'hui, Le Soleil aborde le problème à la base, à savoir pourquoi tant d'enfants sont blessés à vie par des prêtres pédophiles qui devaient pourtant veiller sur eux. Entrevue avec Mario Larivée-Côté, sexologue clinicien en pratique privée à Montréal et expert en délinquance sexuelle.
Q Le pape cette semaine affirmait que deux pour cent des prêtres sont pédophiles. Ça vous semble réaliste?
R Je trouve ça un peu faible. [Ce serait plutôt] un bon cinq pour cent. Et dans la population en général, ça va jouer aussi [dans ces pourcentages]. Mais «pédophile» ne sous-entend pas nécessairement passer à l'acte. Et l'église ne crée pas des pédophiles. L'intérêt sexuel déviant d'être attiré par des enfants, on l'a ou on ne l'a pas.
Q Est-ce que la chasteté imposée aux prêtres a quelque chose à voir dans ce problème?
R Le problème principal, c'est le célibat des prêtres. C'est un peu... la pire chose. [Tout le monde vit] un développement sexuel à l'enfance, à l'adolescence et à l'âge adulte. Mais là, ce qu'on dit à ces jeunes prêtres, c'est «il ne faut pas que tu vives ces stades de développement là». Comme facteur de risque, le célibat fait en sorte que ces hommes-là sont immatures au niveau sexuel [...] par rapport à leur âge réel. Ça fait en sorte que, s'ils ont un intérêt sexuel au niveau des enfants, c'est plus facile [...] d'aller vers un enfant que vers un autre homme. [Dit autrement], si l'individu n'est pas capable d'aller vers un adulte parce qu'il ne se sent pas outillé [en raison de son développement sexuel], ça va être plus facile d'aller vers des enfants.
Q Faudrait-il l'abolir?
R Ils devraient vraiment remettre ça en question. En venant au monde, un bébé a une sexualité. C'est d'aller à l'encontre de la nature humaine [que de l'empêcher]. Je trouve dure à croire que les prêtres, sans être pédophiles, n'ont jamais eu de fantasmique... C'est quelque chose qui est censé être sain, naturel. L'Église ne s'est pas ajustée à la société. À l'époque, les gens vivaient dans de petits villages où la sexualité se vivait cachée et ils ne voyaient que 50 femmes dans leur vie... Ils n'avaient pas accès à tout ce matériel pornographie ou même à de la publicité. Donc, c'est un peu d'aller à l'encontre de tout ce qui nous est bombardé. On est bombardé d'un paquet de messages [à caractère sexuel], mais il leur faut les combattre comme si c'était Satan. Je pense que c'est plus difficile [de combattre] quand on a accès.
Q Pourquoi les prêtres pédophiles s'attaquent surtout aux jeunes garçons dans les récents scandales?
R Compte tenu du célibat [obligé], ces individus-là ne se sont jamais développés sexuellement. Et leur seul accès a souvent été de jeunes garçons et rien d'autre. Ils ne connaissent pas autre chose. Dans la plupart des organisations [religieuses comme les pensionnats], c'est souvent entre gars, des petits garçons majoritairement. [Dans ce contexte], s'il y a un intérêt sexuel déviant, il y a plus de chances que ce soit envers des enfants de leur sexe.
Pour les prêtres qui sont homosexuels, la façon dont l'Église catholique perçoit l'homosexualité, quasiment comme une déviance, ça ne peut pas les aider à s'assumer dans leur orientation. Ça fait en sorte qu'il faut qu'ils fassent des choses en cachette, et ça peut être plus facile d'aller vers des enfants [pour ceux qui ont une] déviance.
Q Pour les prêtres déviants sexuellement, est-ce que le fait de fréquenter des enfants augmente les risques?
R Dans n'importe quel milieu où il y a beaucoup d'enfants, que ce soit les entraîneurs de soccer, les animateurs scouts, les profs, si on a [une certaine] intimité comme une fin de semaine [d'activités] quelque part, il y a certains hommes que, même s'ils ne sont pas conscients qu'ils sont attirés par les enfants, ça peut les éveiller. S'ils ont un intérêt sexuel latent envers les enfants, de voir des petits garçons tout nus dans les douches, ça peut les éveiller sexuellement, les émoustiller. Ou encore ceux qui en sont conscients vont essayer de faire partie de ces organisations pour avoir accès à des enfants...
Q Les prêtres pédophiles agissent-ils différemment aujourd'hui?
R Par le passé, l'accès aux enfants était plus facile. Les prêtres qui étaient pédophiles à l'époque avaient quand même des terrains de chasse assez intéressants... [Puisque] l'accès aux enfants est moindre, j'ai des histoires de prêtres qui se font prendre avec de la porno juvénile. Dans les cas [de prêtres] qui ont des intérêts sexuels déviants, ceux qui n'ont pas accès à des enfants, ils vont faire comme n'importe quel autre [pédophile] et consommer de la pornographie juvénile.
Q Le pape cette semaine affirmait que deux pour cent des prêtres sont pédophiles. Ça vous semble réaliste?
R Je trouve ça un peu faible. [Ce serait plutôt] un bon cinq pour cent. Et dans la population en général, ça va jouer aussi [dans ces pourcentages]. Mais «pédophile» ne sous-entend pas nécessairement passer à l'acte. Et l'église ne crée pas des pédophiles. L'intérêt sexuel déviant d'être attiré par des enfants, on l'a ou on ne l'a pas.
Q Est-ce que la chasteté imposée aux prêtres a quelque chose à voir dans ce problème?
R Le problème principal, c'est le célibat des prêtres. C'est un peu... la pire chose. [Tout le monde vit] un développement sexuel à l'enfance, à l'adolescence et à l'âge adulte. Mais là, ce qu'on dit à ces jeunes prêtres, c'est «il ne faut pas que tu vives ces stades de développement là». Comme facteur de risque, le célibat fait en sorte que ces hommes-là sont immatures au niveau sexuel [...] par rapport à leur âge réel. Ça fait en sorte que, s'ils ont un intérêt sexuel au niveau des enfants, c'est plus facile [...] d'aller vers un enfant que vers un autre homme. [Dit autrement], si l'individu n'est pas capable d'aller vers un adulte parce qu'il ne se sent pas outillé [en raison de son développement sexuel], ça va être plus facile d'aller vers des enfants.
Q Faudrait-il l'abolir?
R Ils devraient vraiment remettre ça en question. En venant au monde, un bébé a une sexualité. C'est d'aller à l'encontre de la nature humaine [que de l'empêcher]. Je trouve dure à croire que les prêtres, sans être pédophiles, n'ont jamais eu de fantasmique... C'est quelque chose qui est censé être sain, naturel. L'Église ne s'est pas ajustée à la société. À l'époque, les gens vivaient dans de petits villages où la sexualité se vivait cachée et ils ne voyaient que 50 femmes dans leur vie... Ils n'avaient pas accès à tout ce matériel pornographie ou même à de la publicité. Donc, c'est un peu d'aller à l'encontre de tout ce qui nous est bombardé. On est bombardé d'un paquet de messages [à caractère sexuel], mais il leur faut les combattre comme si c'était Satan. Je pense que c'est plus difficile [de combattre] quand on a accès.
Q Pourquoi les prêtres pédophiles s'attaquent surtout aux jeunes garçons dans les récents scandales?
R Compte tenu du célibat [obligé], ces individus-là ne se sont jamais développés sexuellement. Et leur seul accès a souvent été de jeunes garçons et rien d'autre. Ils ne connaissent pas autre chose. Dans la plupart des organisations [religieuses comme les pensionnats], c'est souvent entre gars, des petits garçons majoritairement. [Dans ce contexte], s'il y a un intérêt sexuel déviant, il y a plus de chances que ce soit envers des enfants de leur sexe.
Pour les prêtres qui sont homosexuels, la façon dont l'Église catholique perçoit l'homosexualité, quasiment comme une déviance, ça ne peut pas les aider à s'assumer dans leur orientation. Ça fait en sorte qu'il faut qu'ils fassent des choses en cachette, et ça peut être plus facile d'aller vers des enfants [pour ceux qui ont une] déviance.
Q Pour les prêtres déviants sexuellement, est-ce que le fait de fréquenter des enfants augmente les risques?
R Dans n'importe quel milieu où il y a beaucoup d'enfants, que ce soit les entraîneurs de soccer, les animateurs scouts, les profs, si on a [une certaine] intimité comme une fin de semaine [d'activités] quelque part, il y a certains hommes que, même s'ils ne sont pas conscients qu'ils sont attirés par les enfants, ça peut les éveiller. S'ils ont un intérêt sexuel latent envers les enfants, de voir des petits garçons tout nus dans les douches, ça peut les éveiller sexuellement, les émoustiller. Ou encore ceux qui en sont conscients vont essayer de faire partie de ces organisations pour avoir accès à des enfants...
Q Les prêtres pédophiles agissent-ils différemment aujourd'hui?
R Par le passé, l'accès aux enfants était plus facile. Les prêtres qui étaient pédophiles à l'époque avaient quand même des terrains de chasse assez intéressants... [Puisque] l'accès aux enfants est moindre, j'ai des histoires de prêtres qui se font prendre avec de la porno juvénile. Dans les cas [de prêtres] qui ont des intérêts sexuels déviants, ceux qui n'ont pas accès à des enfants, ils vont faire comme n'importe quel autre [pédophile] et consommer de la pornographie juvénile.
albert on samedi 19 juillet 2014 - 17:32:57