Pédophilie : incertitude sur le sort de l'ex-ambassadeur du Vatican en République dominicaine

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La rédaction | le 26.08.2014 à 10:57
Mgr Jozef Wesolowski. (Photo : AP/Manuel Diaz)

L'ex-ambassadeur du Vatican, Mgr Jozef Wesolowski, condamné pour pédophilie par un tribunal ecclésiastique a fait appel de sa condamnation au retour à l'état laïc, le 27 juin dernier. « Le jugement de la Congrégation vaticane pour la doctrine de la foi sur ce recours sera rendu assez rapidement, probablement en octobre », a déclaré le père Federico Lombardi, le porte-parole du Vatican, lors d'une conférence de presse, le 25 août.

C'est la première fois q'un nonce apostolique - un diplomate du Vatican - est accusé d'abus sexuels sur mineurs. Une affaire qui n'a pas seulement eu des répercussions sur deux nations anciennement catholiques - la Pologne et la République dominicaine - auxquelles est lié le prélat, mais qui doit aussi servir de test pour le pape François, qui avait réclamé la « tolérance zéro » pour les prêtres pédophiles. « Il n'y a pas de privilèges » pour les évêques et les prélats accusés d'agressions sexuelles sur mineurs, avait par ailleurs martelé le souverain pontife devant les journalistes en mai dernier.

Aujourd'hui âgé de 66 ans, Mgr Wesolowsk a été ordonné prêtre à l'âge de 23 ans par l'archevêque de Cracovie de l'époque, Karol Wojtyla, qui allait plus tard devenir pape en 1978 sous le nom de Jean-Paul II. Après avoir intégré le corps diplomatique du Saint-Siège, il est d'abord envoyé en Bolivie en 1999 puis à partir de 2002 dans plusieurs républiques d'Asie centrale telles que le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan avant d'atterrir en République dominicaine en 2008.

Dans de cernier pays, les victimes du prélat avaient en général entre 14 et 17 ans, 13 pour la plus jeune d'entre elles. Il s'agissait de jeunes cireurs de chaussures que le nonce rencontrait dans l'ancien quartier colonial de Santo Domingo, la capitale, près du monument dédié à Antonio de Montesinos, un prêtre dominicain du 16e siècle farouche défenseur des droits des indigènes. Le diplomate leur demandait des faveurs sexuelles pour 10 à 25 dollars, voire parfois en l'échange de traitement contre l'épilepsie. Les jeunes du quartier l'appelaient « l'Italien » à cause de son accent lorsqu'il s'exprimait en espagnol, et ignoraient complètement qui était cet homme qui se présentait à eux en jogging noir, une casquette de baseball destinée à cacher son crâne chauve. Ce n'est que lorsque les premiers reportages ont commencé à sortir sur l'affaire qu'ils ont reconnu sur l'écran de télévision l'homme qui les avait agressés sexuellement.

La gestion de l'affaire par le Vatican a été très critiquée, notamment par les Nations-Unies qui y ont vu l'exemple même de la complaisance de l'Eglise vis à vis des prêtres violeurs. Lorsque les soupçons de pédophilie ont commencé à se porter sur Mgr Wesolowski, le Saint-Siège l'a simplement rappelé à Rome pour le juger sur place, faisant jouer l'immunité diplomatique pour lui permettre d'échapper à la justice dominicaine. En juin dernier, un évêque dominicain, Victor Masalles, s'était étonné sur Twitter d'apercevoir Mgr Wesolowski se promener en toute liberté Via della Scrofa, dans le centre historique de la capitale italienne. Selon la loi du Vatican, une agression sexuelle est passible de 12 ans de prison et de 150.000 euros d'amende.

En République dominicaine, île qui abrite la plus ancienne cathédrale catholique du continent américain, de nombreux catholiques se sont indignés qu'un prélat ait pu avoir des relations tarifées avec des mineurs pendant des années pour finir par échapper aux poursuites grâce à son statut diplomatique. D'après plusieurs experts en droit international, le Vatican avait la possibilité de suspendre l'immunité diplomatique de Mgr Wesolowski. Une pétition pour réclamer son extradition avait même recueilli des milliers de signatures en République dominicaine. « D'un strict point de vue juridique, il devrait être jugé dans le pays où il a commis ses actes parce que les conditions de son inculpation ne sont pas les mêmes partout, estime Antonio Medina Calcao, professeur en droit et sciences politiques à l'université de Santo Domingo. Tout ce que nous espérons, c'est que le tribunal du Vatican le traitera avec toute la sévérité qu'il mérite ».

Sources : AFP, Religion News Service, The New York Times






albert on mercredi 27 août 2014 - 20:55:12