5 prêtres pédophiles dans sa paroisse : une "coïncidence désastreuse" pour l'argentier du Vatican

Australie - 03/03/2016

Source : RTL


Le Vatican est toujours en proie à ses terribles démons alors qu'une nouvelle affaire de pédophilie a été mise au jour dans la paroisse du cardinal australien George Pell, actuel argentier du Vatican. Devant la révélation des agissements de cinq prêtres pédophiles, qui abusaient d'enfants dans le ville de Ballarat, George Pell a parlé d'une "coïncidence désastreuse". Les victimes de ces abus l'ont cependant accusé de mentir lorsque l'ecclésiastique affirme ignorer les faits.

Le cardinal australien, puissant "ministre" de l'Économie du Vatican, témoignait pour la quatrième et dernière fois devant la commission d'enquête royale australienne sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels commis sur des enfants. En raison de ses problèmes cardiaques, l'ancien archevêque de Melbourne, puis de Sydney, âgé de 74 ans, a fait sa déposition par visioconférence depuis un hôtel de Rome. Soumis au feu roulant des questions des avocats représentant les victimes d'abus commis par des membres du clergé, il a démenti tout manquement.

Une enquête suivie de près par le Pape

La commission s'est penchée sur la situation dans les villes de Ballarat et de Melbourne, dans l'état de Victoria, où le cardinal Pell a grandi et travaillé, dans les années 1970 et 1980, alors que des prêtres pédophiles abusaient de dizaines de victimes. L'ecclésiastique, qui a révélé que le pape François recevait quotidiennement un résumé des auditions, a affirmé qu'au moins deux archevêques et d'autres membres de la hiérarchie catholique l'avaient trompé en omettant de l'informer de la situation. Il a parlé d'un "monde de crimes et de dissimulations".

Comme on lui demandait jeudi 3 mars s'il avait l'impression d'être victime d'une chasse aux sorcières, le cardinal Pell a répondu: "je n'ai jamais rien dit de tel mais je dois avouer que l'idée m'a traversé l'esprit". Le fait qu'au moins cinq prêtres pédophiles sévissaient au même moment à Ballarat dans les années 1970 est une "coïncidence désastreuse", a-t-il ajouté.

Un de ses proches impliqué dans le scandale

Il a cependant reconnu qu'un garçon s'était plaint auprès de lui en 1974 du frère Edward Dowlan. L'enfant a "dit comme ça au cours d'une conversation" que le frère Dowlan "se comportait mal" avec les garçons, a-t-il reconnu. Il a alors évoqué le sujet avec l'aumônier de l'école mais rien de plus.

"Avec le recul de 40 années, je dirais certainement que j'aurais dû en faire davantage", a-t-il avoué, comme on lui expliquait que Dowlan, désormais en prison, avait abusé de dizaines d'enfants. Le cardinal a également été interrogé sur le cas de Gerald Ridsdale, prêtre pédophile multirécidiviste, avec qui le cardinal a partagé un temps un logement et qui travaillait également à Ballarat.

Je crois que Gerry [Ridsdale] s'est remis à enfiler des garçons

Une nouvelle fois, George Pell a démenti avoir tenté d'acheter le silence du neveu de Ridsdale, David, comme celui-ci l'en accuse. David Ridsdale a été victime d'abus de la part de son oncle. "Cela ne s'est certainement pas produit car je m'en souviendrais certainement". Le cardinal Pell avait jugé qu'il était de son "devoir de chrétien" d'accompagner Gerald Ridsdale lors du procès qui avait débouché sur sa condamnation pour plus de 100 chefs d'abus sexuels sur des enfants.

Il a aussi nié avoir été au fait des agissements pédophiles de Ridsdale, démentant de nouveau avoir dit un jour à un prêtre: "Haha, je crois que Gerry s'est remis à enfiler des garçons". Cette accusation est "fausse", a-t-il lancé. Au début des auditions, le cardinal avait expliqué que les crimes de Ridsdale n'avaient pas "grand intérêt pour lui", mais il est revenu en arrière jeudi 3 mars. "Je me souviens avoir complètement raté cette séquence. Je regrette les mots choisis. J'étais très perturbé, j'ai mal répondu".

Les victimes ne sont pas convaincus

Un groupe de victimes qui s'est rendu à Rome pour assister à cette déposition a déclaré ne pas le croire. "Nous pensons qu'on nous a menti et trompés", ont-elles déclaré dans un communiqué. L'intéressé a nié qu'il mentait. "Je dirais que c'est totalement faux et cela n'est soutenu par aucune preuve". Il a néanmoins reconnu que les récits des victimes étaient horribles.

"L'une des autres choses que je regrette en tant que prêtre catholique ce sont les dégâts qu'infligent de tels crimes à la foi des survivants, des victimes, de leurs amis et familles, et de manière plus générale à la société. Je le déplore". La commission a commencé ses travaux en 2013 pour enquêter sur des accusations de pédophilie dans les églises, les écoles, les orphelinats ou les associations de jeunesse, après plus d'une décennie de pressions. Elle a entendu près de 5.000 survivants.







albert on vendredi 04 mars 2016 - 00:02:33