Pédophilie : 25 évêques français accusés d'avoir couvert des prêtres auteurs d'agressions sexuelles

France - 21 mars 2017

Source : francebleu



L'Eglise catholique est à nouveau mise en cause pour sa gestion des prêtres impliqués dans des affaires de pédophilie. Des journalistes accusent 25 évêques d'avoir protégé des prêtres auteurs d'agressions sexuelles, notamment en mettant en place un système d'exfiltrations internationales.

Après l'affaire de Lyon qui a abîmé l'image du cardinal Barbarin, la gestion par l'Église catholique de prêtres mis en cause pour pédophilie est l'objet de nouvelles accusations, en France et jusqu'au Vatican. Trois journalistes indépendants associés au site d'information Mediapart ont mené une "contre-enquête avec un angle nouveau : celui des agresseurs couverts par l'Église. Selon leurs recoupements, 32 agresseurs actuellement en vie et ayant fait 339 victimes ont été couverts par 25 évêques, dont certains sont aujourd'hui en retraite voire décédés.

Après un an d'enquête, le documentaire diffusé ce mardi soir

Leur enquête, développée dans un livre publié ce mercredi ("Église, la mécanique du silence", aux éditions JC Lattès), a été menée en partenariat avec "Cash Investigation". L'émission de France 2 diffuse ce mardi à 20H55 un film documentaire de Mathieu Boudot intitulé "Pédophilie dans l'Église : le poids du silence", fruit d'une enquête de près d'un an.

Un système d'exfiltrations internationales

L'équipe de "Cash Investigation" évoque un "système d'exfiltrations internationales" de prêtres ou religieux pour éviter le scandale. Même si elle dit n'avoir pas eu "accès à toutes les données", elle a établi une cartographie faisant état de 95 mutations depuis 1990, à l'échelle mondiale, de clercs pour lesquels 802 victimes ont été recensées.

Le pape François éclaboussé par le scandale ?

"Cash Investigation" n'épargne pas le pape François, réputé pour sa politique de "tolérance zéro" à l'égard de la pédophilie. Avec des conditionnels, l'émission glisse que Jorge Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires, "aurait tenté de faire innocenter un prêtre jugé pour pédophilie", le père Julio César Grassi, en transmettant à la justice une contre-enquête à décharge avant son procès en appel en 2010. L'accusation donne lieu dans le documentaire à un dialogue assez surréaliste entre Élise Lucet et le pape, lors d'une audience générale place Saint-Pierre à Rome. "Dans le cas Grassi, avez-vous tenté d'influencer la justice argentine?", lui demande la journaliste. Le pontife, manifestement surpris, fronce le nez et répond: "Pas du tout".

18 prêtres condamnés toujours en activité, selon les journalistes

Selon l'émission, 18 prêtres condamnés pour agressions sexuelles sur mineurs ou viols en France "sont toujours en activité au sein de l'institution catholique". L'enquête se penche notamment sur un cas lyonnais méconnu jusqu'alors, celui du "père Didier", condamné dans les années 90 après avoir fait une dizaine de victimes, et toujours actif en paroisse au moment où il est interviewé, en 2016. Aujourd'hui "il habite à Lyon, mais est sans ministère et sans autorisation de célébrer en public", a assuré lundi à l'agence AFP l'entourage du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. Recherché par la justice canadienne depuis 1998, le père Joannes Rivoire vit lui dans le diocèse de Strasbourg, selon les enquêteurs, qui se sont aussi intéressés à des frères du Sacré-Coeur et de Saint-Jean exfiltrés d'Afrique vers l'Europe après des soupçons d'abus sexuels.

La conférence des évêques de France dénonce un "scandale vendeur"

La Conférence des évêques de France a refusé d'envoyer un représentant au débat qui doit suivre le documentaire, jugeant que cette "mécanique du scandale vendeur" cherche "l'accusation de l'Église" bien "plus que l'attention aux victimes". "Sur la question douloureuse de la pédophilie, l'Église s'engage avec sincérité dans une opération de vérité et de lutte. Ces méthodes d'investigation ne visent qu'à prouver le contraire", a regretté le porte-parole adjoint de la conférence, Vincent Neymon, rappelant les mesures prises (cellules d'écoute des victimes, commission d'expertise indépendante...) en avril 2016.







albert on mercredi 22 mars 2017 - 01:28:24